Conte : Pourquoi Porc n’a-t-il pas de cornes ?
Ce conte est pour la petite-fille de MAMA AFRIKA
Il sera illustré par une déco de table sur laquelle s'est invité les animaux de la jungle
Kulu Tortue, oncle de Beme Porc était allé dans un pays lointain pour se faire initier à l’art de fabriquer des cornes. Le but était de doter de cornes tous les animaux.
Lorsqu’il fut rentré de l’autre monde, son fétiche en main, Kulu convoqua un beau matin, au tambour tous les animaux.
Tou tou tou, Doum! Appela le Tam-tam.
C’est ainsi que la cour de Kulu fut complètement remplie de la race animale. Depuis le plus petit rat jusqu’à l’éléphant énorme, il n’y eut pas un seul absent : mâles et femelles, petits et grands, tous étaient là.
Aussi bien les ruminants qui ne cessent de mâcher que ceux qui ne cessent de frapper le sol de leurs sabots, ceux qui se grattent les dents et les pattes, ceux qui chassent les mouches de leurs queues.
Mais dans tout ce groupe, pas un seul n’avait la moindre ombre de corne sur la tête. Tous arboraient une queue, des sabots et des pattes, tous sauf Zombo-singe qui était sans queue et Kulu elle-même qui n’avait qu’un tout petit croupion.
C’est alors que Kulu fit son apparition dans la cour, son sac de féticheur sous son aisselle, son corps badigeonné de chaux et de charbon. Chaque écaille de sa carapace luisait d’une couleur différente. A le voir, c’était un vrai féticheur investi par les Mânes. Aussi tous les animaux étaient frappés de stupeur et de crainte devant lui.
Kulu prit donc la parole et dit en frappant le tam-tam ; « Race de mon père, ne voyez- vous pas que la race des hommes nous maltraite parce qu’elle possède lances, arcs et flèches, fusils et machettes ?
Tou tou toudoum!
Alors je vous pose cette question ; la race des animaux se contentera-t-elle éternellement de griffes de crocs, de pattes te de sabots pour se défendre ?
Tou tou toudoum doum!
Comment pouvons nous consentir à mourir avec toute la sagesse dans nos ventres ?
Tchak tou doudoumdoum!
Compterons-nous sur quelqu’un d’autre que nous même pour nous protéger ?
Touk touk doum doum!
Voulez-vous donc que nous mourions tous ainsi, sans un petit quelque chose en nous qui fasse peur aux hommes ?
Doum doum toudoum!
C’est pour répondre à ces questions que j’ai décidé de vous préparer le fétiche à faire pousser les cornes ».
Alors Kulu-Tortue se mit à leur donner les interdits relatifs à son fétiche. Elle leur dit : « "Jamais un vrai fétiche ne se donne sans un interdit grave" ; c’est pourquoi je vous déclare que l’interdit le plus grave que vous serez appelés à observer est celui-ci : sache qu’il mourra de mort subite quiconque portera sa corne contre un seul descendant de Tortue ».
Après quoi, Kulu les groupa en rangs par tribus : suivant qu’ils étaient onguligrades ou non. Puis Kulu répandit les cornes sur le sol et dit « Que chacun essaie le genre de cornes qui lui sied, chacun suivant sa taille. »
C’est alors que Zok-Eléphant ; le plus âgé des ongulés aux gros doigts, s’empara des défenses : « on ne lutte qu’avec ses égaux », dit-il.
Zok se mit donc à traîner les énormes défenses qu’on lui voit à la tête.
Alors vint Zee-Léopard et Engbeme-Lion ainsi que tous ceux qui portent crinière. Ils déclarèrent : « Les cornes sont pesantes. Nous nous défendrons nous-mêmes, avec notre force musculaire, nos ongles et nos dents. » Vinrent ensuite les bêtes à pattes minces Sos-Antilope et sa famille, chacun choisit sa paire de cornes et se la fixa sur la tête, Kulu se chargeant tout juste d’y ajouter son pouvoir magique. Alors Girafe et Rhinocéros se présentèrent à Kulu :
« Les cornes sont par trop lourdes, donne-nous juste les pointes » Rhino prit quand même de toutes petites cornes bien pointues. Voilà pourquoi nous répétons souvent cet adage: « Arrêter Rhinocéros par les cornes » pour dire qu’une chose est difficile.
Cependant Beme-Porc ne faisait que se balader dans les champs de manioc, se disant : « je ne pourrais manquer de cornes puisque c’est mon oncle même qui les distribue. » seulement, quand il fut rentré, il s'aperçut que toutes les cornes étaient finies. Il se mit donc à pleurer. Alors Kulu-Tortue lui dit : « Mais, mon fils, te voilà oublié ! » Voilà comment se vérifia aux dépens de Porc le proverbe suivant : « L’enfant qu’on tient sous son ombre est souvent victime d’oubli. » Et Porc expliqua : « je me disais que jamais je ne manquerais de cornes tant que tu les fabriquerais toi-même. »
Alors son oncle alla chercher d’énormes canines pointues et les lui fixa au bout du groin. C’est depuis ce jour-là que Porc ne peut s’empêcher d’aller fouiller la terre en grognant, se maudissant d’avoir raté une occasion de porter de belles cornes…
Bonne journée à tous!